Améliorer le traitement des infections sévères de l’enfant avec un cancer

FORCE Fondation Recherche sur le Cancer de l’Enfant et ses deux co-sponsors, la Fondation Bryn Turner-Samuels et la Fondation Marisa Sophie se sont réunis pour financer le projet des Dr Crisinel de l’Unité d’infectiologie pédiatrique, et le Dr Diezi, de l’Unité d’hémato-oncologie pédiatrique du CHUV à Lausanne, intitulé « Ajustement des dosages d’antibiotiques à large spectre chez des patients pédiatriques en oncologie ». Le soutien accordé est de CHF 230’000.- sur trois ans.

Afin de guérir, l’enfant avec un cancer recoit de nos jours des traitements intensifs, dont des médicaments dits de chimiothérapie. Au délà de tuer les cellules cancéreuses, la chimiothérapie agit sur la moelle osseuse en provoquant une baisse de la production des cellules sanguines et notamment des globules blancs. On désigne par « neutropénie » la diminution de certains globules blancs (les neutrophiles), ce qui augmente le risque d’infection. La neutropénie fébrile (définie comme une fièvre survenant lors d’une neutropénie) est une complication très fréquente et potentiellement létale chez les enfants atteints de cancer. Celle-ci peut être causé par des bactéries circulant dans le sang, et il est crucial d’introduire des antibiotiques le plus rapidement possible.

Or, la dose d’antibiotique initialement donnée pourrait être insuffisante chez certains enfants. En effet, certains d’etre eux éliminent l’antibiotique plus rapidement (par le rein) que d’autres en cas de neutropénie fébrile. Il en résulte un risque de sous-exposition à l’antibiotique, ce qui peut entraîner un mauvais contrôle de l’infection. Malheureusement la variabilité individuelle de l’élimination des antibiotiques n’est pas prise en compte dans les schémas standards, ce qui représente un danger.

Drs Crisinel et Diezi ont décidé d’évaluer si une adaptation des doses d’antibiotiques basée sur une estimation de la fonction des reins de l’enfant et sur des taux resurables d’antibiotiques dans le sang est faisable, voire bénéfique dans le contexte de la neutropénie fébrile. Pour ce faire, ils vont effectuer un essai clinique très sophistiqué (dit « randomisé et controlé ») incluant des mesures de la concentration des taux des antibiotiques dans le sang d’enfants traités pour un cancer au CHUV. Ils vont analyser de manière prospective plus de 100 épisodes de neutropénie fébrile, en utilisant toutes les technologies les plus modernes dans le domaine du monitoring thérapeutique des médicaments, disponibles au CHUV (y.c. dans le Service de pharmacologie clinique, un des leaders internationaux dans la spécialité).

Les résultats de cette recherche très importante seront bénéfiques autant pour les enfants traités pour un cancer que pour d’autres patients pédiatriques, dont ceux admis aux soins intensifs pour des maladies graves.